Pour conduire à
cette basilique-fantôme, un pont des vieux âges, construit en blocs
cyclopéens, traverse l’étang encombré de roseaux et de nénuphars ;
deux monstres, rongés par le temps et tout barbus de lichen en
gardent l’entrée ; il est pavé de larges dalles qui penchent et, par
places, on le dirait près de crouler dans l’eau verdâtre. Au pas de
nos bœufs, nous le traversons, presque endormis ; à l’autre bout
s’ouvre une porte, surmontée de donjons comme des tiares, et
flanquée de deux gigantesques serpents cobras qui se redressent,
déployant en éventail leurs sept têtes de pierre.
Pierre Loti
Un pèlerin d'Angkor |